Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
165
gatienne

vous m’aviez fait. Je vous ai presque pardonné, Robert. Laissez-moi achever ce pardon dans l’oubli.

Il la regardait sans répondre ; elle s’encouragea et reprit plus pressante :

— Fabrice vous aime, il a une confiance aveugle dans votre loyauté… Tenez, il souhaite de vous donner sa sœur…

Elle fit un grand effort, les yeux demi clos, pour cacher l’horreur qu’elle éprouvait, et, tendant au jeune homme une main timide :

— Clotilde est charmante, et vous lui plaisez. Voulez-vous être notre frère… mon frère, Robert ?

Il saisit sa main et, la portant brusquement à ses lèvres, la mordit d’un baiser.

— C’est toi que je veux, dit-il la retenant à lui briser les doigts, qu’elle tordait pour s’arracher à cette étreinte.

— Laissez-moi… Vous me faites mal…

On entendait sur l’eau le bruit des rames.

Il lâcha Gatienne, qui tomba, à bout de forces, sur le banc, secouée par le frisson d’une crise nerveuse.

— Il faut te résigner, dit-il impatiemment. Tu es trop sage pour faire un coup de tête qui cau-