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gatienne

te défendre, maintenant ! Ah ! tu as cru à ton bonheur, parce que longtemps je t’en ai laissé jouir ! Mais je te voulais, et, pour t’avoir, il fallait que ton bonheur fût tel que tu n’eusses pas le courage de le briser. Et j’ai attendu !… Comprends-moi bien, Gatienne, je t’aime autant, plus qu’autrefois, plus que jamais. Je te veux ! Choisis.

— Et si je meurs ? dit-elle avec égarement.

Il répondit d’un ton net :

— Je me vengerai sur ton mari et sur tes enfants.

Elle haletait, la sueur aux tempes, les mains tordues.

— C’est impossible, murmurait-elle se croyant prise de folie. D’où venait ce châtiment ? En quoi l’avait-elle mérité ?

Et personne pour la défendre. Seule, livrée, abandonnée ! Elle plia.

Elle leva vers lui un regard suppliant, douloureux, sa face toute pâle empreinte d’une douceur navrante.

— Robert, ayez pitié de moi !… Si vous m’aimez, ne me torturez pas. C’est horrible, ce que vous me dites. Réfléchissez. Je ne m’appartiens pas. J’ai oublié dans l’amour de Fabrice tout le mal que