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gatienne

Elle leva lentement la main qu’elle posa sur sa manche, sans qu’il en sentît le poids.

Il ne dit rien, lui fit de nouveau franchir la grille et la conduisit à un banc rustique adossé non loin de l’entrée, à la muraille verte de l’allée d’ormes.

Elle se sentait à la merci de Robert ; elle ne pouvait plus le fuir ; elle devait l’entendre.

Le pressentiment de quelque épouvantable menace lui pressait horriblement le cœur. Mais elle ne songeait qu’à Fabrice, dont Robert avait dit en jouant : « Je suis jaloux, je le tuerai. » Dans la frayeur de cette vengeance, elle s’oubliait.

— Sais-tu que tu es toujours belle ? lui dit-il tout à coup.

Elle eut un grand frisson et cria, se renversant comme s’il l’eût touchée.

Il restait debout devant elle, grandi par son ombre qui s’allongeait sur la blancheur de l’allée, la regardant de haut, en maître. Il eut un rire mauvais :

— Je te fais peur ?

Gatienne joignit ses mains et, les soulevant, prononça, la voix perdue :