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gatienne

— Non, dit-il à sa femme, tu ne viendras pas. Tu as peur. Aujourd’hui surtout, tu es toute nerveuse. Reste ; attends-nous.

Elle obéissait bien volontiers et remontait déjà le talus, lorsque Robert déclara qu’il allait demeurer pour lui tenir compagnie.

Alors, d’un geste vif, elle se rapprocha de la barque, prête à s’y élancer.

— Je ne veux pas vous priver de cette promenade, dit-elle. Je vous suis.

Fabrice la repoussa, inquiet, de sa voix troublée ; ses mains, qu’il tenait, étaient moites et tremblaient.

— Tu resteras, dit-il avec autorité, ou nous resterons tous.

— Cela vaudrait mieux, murmura Clotilde vexée, qui déjà se levait pour suivre Gatienne.

Mais Robert, d’un air obligeant, détacha la yole et la poussa du pied en disant :

— Bonne promenade !

Une seconde, il les regarda filer ; puis, se retournant, il vint à Gatienne, demeurée immobile d’effroi sur la berge, et lui offrit cérémonieusement le bras.