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gatienne

Puis il se dirigea, d’un pas encore ralenti, vers l’habitation de Gatienne. Dès qu’il fut en vue, près de l’enceinte grillée, son attitude se modifia ; il prit l’allure d’un étranger à la recherche d’un logis inconnu, et, d’un œil perçant, il sonda la profondeur des allées, fouilla les côtés sombres, parcourut rapidement les fenêtres closes. Pas un bruit ne venait de ce coin verdoyant et fleuri, où tout semblait dormir.

II hésita près de la porte entr’ouverte. La chaîne de la sonnerie pendait. Il ne la toucha pas, mais poussa doucement le battant, qui s’écarta sans bruit, et il entra.

À gauche commençait une allée couverte, formée par des ormes à la cime entrelacée ; Robert s’y engagea. Son pas discret, étouffé par le gazon, n’éveilla même pas les oiseaux engourdis dans une paix lourde.

Il avançait, respirant mal et retenant son souffle, raide et correct, prêt au salut souriant, mais l’oreille tendue et la paupière battante dans la crainte ou le désir d’une vision. Soudain il fut cloué au sol : on riait bas près de lui. Une voix fraîche retenait de petits rires très doux. Un