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traits, la couleur des cheveux et des yeux d’un brun clair, le sourire aux dents fines, parfois le regard ; avec cette différence qu’une naïve bonté, éclatait dans les yeux d’Alban, tandis que ceux de Robert se veloutaient d’une expression de tendresse séductrice où la franchise faisait défaut.

Robert l’emportait près des femmes : il les aimait et savait les prendre.

Alban, travailleur et chaste, était timide. Une féminité de caractère l’attachait, soumis, à ce frère, hardi compagnon et séducteur enragé.

Robert aussi aimait son frère, mais un peu comme il aimait les femmes ; il le tyrannisait, le domptait, et se serait jeté dans le feu pour lui.

Ils n’échangèrent plus un mot et remontèrent le quai des Augustins jusqu’au pont Neuf.

Là, Robert s’arrêta au kiosque, prit un journal, et, feignant de le parcourir, leva vivement les yeux vers le deuxième étage de la maison qui lui faisait face.

— Viens-tu ? ne put s’empêcher de dire Alban. essayant de l’entraîner.

Mais Robert se dégagea, et, d’un joli geste moqueur :