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L’ART ET LA CRITIQUE EN FRANCE.

qu’en politique furent les seuls qui signalèrent clairement, qui définirent avec justesse le caractère particulier, la supériorité véritable du talent et des œuvres de M. Barye. Ils admirèrent principalement le tact et la finesse dont l’auteur du Lion au serpent avait fait preuve en remontant « de la domesticité à la nature, de l’abâtardissement à l’état normal, » la sagacité avec laquelle il avait choisi une action lui permettant de représenter son modèle « dans une pose qui fait valoir tout le développement de sa taille colossale[1]. » Ils louèrent M. Barye moins encore de son talent d’exécution que de « sa manière d’aimer les animaux, de s’identifier avec les animaux, de descendre dans leur intelligence. » Ils affirmèrent ne pouvoir « rendre avec des paroles précises la foule de sentiments qui bouillonnent dans l’animal blessé, la fureur, l’effroi, le désir de la vengeance, l’horreur du reptile, la douleur et le courage. » Et ils ajoutèrent, non sans raison : « Il serait plus facile de parler du Laocoon ; il n’y a rien en lui qui ne soit humain, tandis qu’ici rien ne l’est[2]. »

Éloigné des expositions par les rigueurs du jury académique, qui avait refusé plusieurs de ses groupes sous prétexte qu’ils n’étaient pas assez faits, que c’était de l’orfèvrerie non de la sculpture, M.Barye n’envoya pas au Salon son Lion de bronze,

  1. Laviron et Galbaccio. Salon de 1833.
  2. Jean Reynaud. Revue encyclopédique. T. LVII. Salon de 1833.