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taire sous les sarcasmes et les coups. Je pris donc le parti de rire de l’aventure. Et c’était prudent : sans cela il fallait me battre avec mon rival. Ma gaîté menteuse eut la don de l’apaiser.

Il sourit à son tour : « Encolpe, me dit-il, enterré dans ces délices, tu oublies que nous n’avons plus d’argent et que tout ce qui nous reste ne vaut pas un sou. Par ces températures estivales, le pavé des villes est plutôt stérile ;

La campagne nous sera plus propice : allons voir nos amis. La nécessité me forçait d’opiner du bonnet et de dissimuler mon dépit. Ayant donc chargé Giton de notre bagage, nous sortons de la ville pour nous rendre au château de Lycurgue, chevalier romain. Ascylte ayant eu jadis des bontés pour lui, il nous reçut à bras ouverts, et la compagnie qui se trouvait réunie chez lui rendit notre séjour fort agréable. Tout d’abord il y avait là Tryphène, une fort belle femme qui avait été amenée par Lycas, armateur et propriétaire de domaines sur la côte. Les agréments que nous goûtâmes en ce charmant séjour, il n’y a pas de termes pour les exprimer, quoique la table de Lycurgue fût plutôt frugale.

Sachez donc que, tout de go, nous nous trouvâmes tous unis par les soins de Vénus. La belle Tryphène me plaisait et écouta sans horreur mes aveux. Mais à peine tombait-elle dans mes bras que Lycas, indigné, prétendit s’indemniser sur ma personne du bonheur que je venais de lui ravir déloyalement. Comme Tryphène n’était plus pour lui qu’une vieille maîtresse, il prit son parti gaîment et me somma de payer le prix qu’il mettait au tort à lui causé. Très excité, il me persécutait.

    des allusions éparses, çà et là, à des événements ayant dû figurer dans la partie perdue de l’ouvrage dont elle comble utilement une acune, mais elle est d’une latinité bien inférieure.