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Une sortie si vive n’augurait rien de bon  : je le savais impuissant à se maîtriser, je savais aussi son amour impuissant… Donc je vole sur ses traces pour tâcher de pénétrer ses desseins et de les contrecarrer. Mais il sut échapper à mes regards, et c’est en vain que longtemps je le cherchai. ’

XI. DES AMOURS D’ENCOLPE AVEC TRYPHÈNE, LYCAS ET DORIS

Ayant exploré vainement tous les coins de la ville, je me décidai à réintégrer mon domicile ; après un consciencieux échange de baisers, j’enchaîne l’enfant en des embrassements plus stricts et bientôt, tous mes vœux comblés, je jouis d’une félicité parfaite.

Nous n’avions pas encore fini, quand Ascylte, arrivant à pas de loup, enfonce brutalement la porte et nous pince en train de nous amuser. Il remplit la chambrette de ses éclats de rire, de ses applaudissements, et soulève le manteau qui me couvrait en s’écriant « Qu’est-ce que tu fabriques, très respectable ami ? Quoi vous logez à deux dans un seul manteau ? »

Et il ne s’en tint pas aux paroles, mais, détachant la courroie de sa besace, il se mit à m’en frapper par manière d’acquit, assaisonnant son geste de discours provocants : « Ça t’apprendra une autre fois à rompre[1] avec ton ami[2] ». ‘ J’étais si bien surpris que je ne sus que me

  1. Le mot latin est dividere qui veut dire séparer, mais qui est aussi synonyme de pædicare qui désigne précisément l’exercice auquel est en train de se livrer Encolpe.
  2. Toute la suite de ce long chapitre est une interpolation évidente introduite par Nodot. Elle a été construite adroitement d’après