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rien à craindre puisqu’il ne voulait pas faire la femme, il ferait l’homme, voilà tout. De son côté, sa compagne me pressait de monter avec elle.

Nous entrons donc en nous frayant un chemin parmi ces tantes : nous entrevoyons des couples de l’un et des l’autre sexe, si animés au jeu dans les chambres ’ que nous croyions ne voir partout que gens ivres de satyrion[1]. ‘ Dès qu’on nous aperçut, des pédérastes accoururent bruyamment pour nous aguicher. Sans perdre de temps, l’un d’eux, troussé jusqu’à la ceinture, s’attaque à Ascylte et l’ayant jeté sur un lit, se met en devoir de le lui introduire. Je vole au secours du malheureux et ’ nos forces unies tiennent en respect cet enragé. ‘ Ascylte se dégage et réussit à s’enfuir, me laissant seul en butte à leur bestialité ; mais plus fort et plus vaillant, je sortis sans accroc de l’aventure.

IX. OU ASCYLTE APPARAIT SOUS UN JOUR MOINS FAVORABLE

Après avoir parcouru sans succès presque toute la ville’, comme à travers un brouillard j’aperçois, planté sur le trottoir, Giton, mon petit ami. ‘ Il était juste devant

  1. « Le satyrion, dit Pline, est un fort stimulant pour l’appétit charnel. Les Grecs prétendent que cette racine, en la tenant seulement dans la main, excite les désirs amoureux, et beaucoup plus fortement encore si on en boit une infusion dans le vin, et que c’est pour cette raison qu’on en fait boire aux béliers et aux boucs trop lents à saillir… On éteint les ardeurs produites par le satyrion, en buvant de l’eau de miel et une infusion de laitue. Les Grecs donnent en général le nom de satyrion à toute espèce de boisson propre à exciter ou ranimer les désirs. » La même plante s’appelait encore priapiscon ou testiculum leporis, d’après Apulée le médecin.