Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et des femmes nues qui allaient et venaient avec un air de mystère. Je compris un peu tard, ou plus exactement trop tard, qu’elle m’avait mené tout droit au bordel. Envoyant à tous les diables la maudite vieille, je me cache la figure et me sauve à travers le lupanar en cherchant une autre issue.

Je touchais au seuil quand je me heurte à Ascylte, également las, mort de fatigue comme moi. C’était à croire que la même vieille l’avait conduit là. Je lui dis bonjour en riant et lui demandai ce qu’il venait faire dans ce bel endroit.

VIII. OU ASCYLTE DÉFEND SA VERTU

Mais, essuyant de la main son front plein de sueur : « Si tu savais, dit-il, ce qui m’est arrivé ! — Quoi donc ? » dis-je à mon tour.

Il continua d’une voix défaillante : « J’errais par toute la ville sans parvenir à retrouver l’endroit où j’avais laissé notre auberge, quand un bourgeois respectable m’aborda et s’offrit fort obligeamment à me servir de guide. Par des ruelles écartées et obscures, il me conduit ici et, mettant bourse en main[1], me propose carrément la botte. Déjà, sur la porte, la maquerelle avait touché la passe et il portait sur ma personne une main hardie. Moins vaillant, j’allais y passer ! »

‘ Pendant qu’Ascylte me mettait au courant de ses malheurs arrive le bourgeois respectable, escorté d’une femme assez chic. Reluquant toujours mon Ascylte, il l’invite à pénétrer dans la maison, l’assurant qu’il n’avait

  1. Ou : bourses en main : équivoque obscène.