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INTRODUCTION


du nom de Pétrone qui se sont distingués à divers titres sous l’Empire dans l’administration ou dans la guerre, y compris un empereur, Pétrone-Maxime, assassin de Valentinieri III et lui-même assassiné trois mois après. Les lettres gardent la mémoire de onze auteurs ayant porté ce nom, dont un pieux évêque canonisé par l’Église. Il était naturel de chercher parmi ces personnages l’auteur du Satyricon, et les érudits n’y ont point manqué.

Au xvie siècle, Pithou, aussi estimé comme philologue que comme juriconsulte, a cru pouvoir l’identifier avec le plus célèbre de tous, avec le Pétrone, favori, puis victime de Néron (1)[1], immortalisé par une belle page de Tacite au XVIe livre des Annales, paragraphes 18 et 19.

« … Il consacrait, dit le grand historien, le jour au sommeil, la nuit aux devoirs et aux agréments de la vie. Si d’autres vont à la renommée par le travail, il y alla par la mollesse. Et il n’avait pas la réputation d’un homme abîmé dans la débauche, comme la plupart des dissipateurs, mais celle d’un voluptueux qui se connaît en plaisirs. L’insouciance même et l’abandon qui paraissaient dans ses actions et dans ses paroles leur donnaient un air de simplicité d’où elles tiraient une grâce nouvelle.

« On le vit, cependant, proconsul en Bithynie et ensuite consul, faire preuve de vigueur et de capacité. Puis retourné aux vices, ou à l’imitation calculée des vices, il fut admis à la cour parmi les favoris de prédilection. Là, il était l’arbitre du bon goût rien d’agréable, rien de délicat, pour un prince embarrassé du choix, que ce qui lui était recommandé par le suffrage de Pétrone. Tigellin fut jaloux de cette faveur il crut avoir un rival plus habile que lui dans la science des

  1. (1) Les romanciers qui ont mis en scène Pétrone ont adopté cette hypothèse nous ne citerons que Sienckiewicz dans Quo Vadis et Prosper Castanier dans l’Orgie romaine. Mais M. Collignon en signale bien d’autres dans une intéressante brochure Pétrone et le Roman des temps néroniens.