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ceté que par la parodie : la parodie comme la caricature est la revanche inoffensive des délicatesses offusquées.

Pétrone parodie certainement les choses de la religion et quand il semble parler sérieusement des mystères de Priape, d’expiations, de revenants et de sorcières, il faut d’abord se demander s’il n’y a pas eu interpolation. Il est probable que bien des passages dont l’intérêt nous paraît un peu languissant étaient pour les contemporains la spirituelle parodie de romans grecs alors en vogue et aujourd’hui perdus.

Le Satyricon, « poème enjoué des amours infâmes », met perpétuellement, c’est plus que probable, les beaux sentiments, les alarmes, les délicates pensées des héros de roman dans la bouche d’un pédéraste et de son mignon : il est d’un bout à l’autre une caricature obscène de l’amour romanesque, de ses lieux communs et de ses invraisemblances.

Il est certain que Pétrone se plaît au contraste des vers nobles avec les incidents grotesques et vulgaires, que ses personnages font étalage d’éloquence et de grands sentiments précisément quand ils sont dans une situation ridicule et qu’alors, puisant dans ses souvenirs classiques, il emprunte aux poètes épiques et tragiques, aux orateurs, aux écrivains classiques, en général, des expressions et même des développements entiers, mais bien moins dans le but de se moquer d’eux que de se moquer de son sujet ou de ses héros. « Nous relevons partout dans son livre, dit M. Thomas, le contraste, certainement voulu, de formes solennelles couvrant des choses triviales et même basses ; le souvenir de formules, de vers célèbres appliqués aux situations où on les attend le moins. »

M. Collignon a relevé la trace de nombreuses imitations de ce genre, parodies innocentes, dit-il, et visant seulement à amuser. Mais il est probable que beaucoup d’autres nous échappent toutes les fois que le style a une teinte poétique ou vise à l’éloquence, on peut supposer que Pétrone imite quelque auteur aujourd’hui perdu :