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néglige l’étude de la haute société romaine, si féconde alors en ridicules éclatants, en vices déchaînés, en folies de toutes sortes, et qu’il devait également bien connaître.

Sans doute, c’est surtout dans le Banquet que se trahit cette prédilection singulière pour la populace, et le Banquet n’est peut-être pas l’œuvre de Pétrone. Mais les héros des Aventures d’Encolpe, pour être plus lettrés, n’en sont guère plus huppés : élégants et délurés coquins qui n’ont ni sou ni maille, ni feu ni lieu, et qui, s’ils ne sont pas sortis de la tourbe, y vivent, y évoluent et semblent même ne pas s’y déplaire.

Pétrone a-t-il donc voulu, de propos délibéré, peindre, suivant l’expression de M. E. Thomas, l’envers de la société romaine, ou plutôt la vie grecque des villes du sud, singeant mesquinement la vie romaine, en ce qu’elle avait de plus vulgaire et de plus crapuleux, et tirée par surcroît à la caricature ?

C’est l’avis de M. Boissier : « Pétrone, dit-il, au chapitre V de l’Opposition sous les Césars, Pétrone ne nous a pas donné une peinture directe de la société de son temps, la satire faite à découvert des mœurs et des travers de ses contemporains ; il nous offre, ce qui est fort différent, un travestissement voulu de ces mœurs. »

« La maison de Trimalcion, dit de son côté M. E. Thomas, offre comme un décalque grossier de la société romaine au premier siècle. Les esclaves jouent au citoyen, tandis que l’amphytrion, sévir de bicoque, joue lui-même au sénateur… » C’est « une imitation ridicule du grand monde par le petit. » Quelques déclassés « sans argent, sans orgueil, sans scrupules », mais pourvus d’esprit et de malice, servent de « témoins » et marquent les coups tout en vivant aux dépens des dupes.

Les intentions parodiques qui sont surtout sensibles et fréquentes dans le Banquet ne sont sans doute pas absolument étrangères aux Aventures d’Encolpe, mais il nous