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« Œnothea, la prêtresse de Priape, me ravit avec les miracles qu’elle promet, avec ses enchantements, ses sacrifices, sa désolation sur la mort de l’oie sacrée, et la manière dont elle s’apaise, quand Poliœnos lui fait un présent dont elle peut acheter une oie et des dieux, si bon lui semble.

« Philumène, cette honnête dame, n’est pas moins bonne, qui, après avoir escroqué plusieurs héritages dans la fleur de sa jeunesse et de sa beauté, devenue vieille, et par conséquent inutile à tout plaisir, tâchait de continuer ce bel art par le moyen de ses enfants, qu’avec mille beaux discours elle introduisait auprès des vieillards qui n’en avaient point. Enfin, il n’y a profession dont Pétrone ne suive admirablement le génie. Il est poète, il est orateur, il est philosophe, quand il lui plaît.

« Pour ses vers, j’y trouve une force agréable, une beauté naturelle, naturali pulchritudine carmen exsurgit : en sorte que Douza ne saurait plus souffrir la fougue et l’impétuosité de Lucain, quand il a lu la prise de Troie, ou ce petit Essai de la guerre civile qu’il assure aimer beaucoup mieux.

Quam vel trecenta Cordubensis illius
Pharsalicorum versuum Volumina[1]
.

« Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que Lucrèce n’a pas traité si agréablement la matière des songes que Pétrone.

Somnia, quæ mentes ludunt, volitantibus umbris.
Non delubra Deum, nec ab aethere numina mittunt,
Sed sibi quisque facit. Nam cuna prostrata sopore
Urget membra quies, et mens sine pondere ludit,
Quidque luce fuit, tenebris aget. Oppida bello
Qui quatit, et flammis miserandas sævit in urbes,
Tela videt, etc
.

« Et que peut-on comparer à cette nuit voluptueuse, dont l’image remplit l’âme de telle sorte qu’on a besoin d’un

  1. Que jusqu’à trois cents volumes des vers pharsaliens de cet homme de Cordoue (c’est-à-dire de Lucain).