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« Eumolpe nous fait voir la folie qu’avait Néron pour le théâtre, et sa vanité à réciter ses ouvrages et vous remarquerez en passant, par tant de beaux vers dont il fait un méchant usage, qu’un excellent poète peut être un malhonnête homme. Cependant comme Encolpe, pour représenter Eumolpe un faiseur de vers fantasque, ne laisse pas de trouver en sa physionomie quelque chose de grand, il observe judicieusement de ne pas ruiner les idées qu’il nous en donne. Cette maladie qu’il a de composer hors de propos, même in vicinia mortis[1] ; sa volubilité à dire ses compositions en tous lieux et en tous temps répond à son début ridicule : Et ego, inquit, poeta sum, et ut spero, non humillimi spiritus, si modo aliquid coronis credendum est, quas etiam ad imperitos gratia deferre solet. Sa connaissance assez générale, ses actions extraordinaires, ses expédients en de malheureuses rencontres, sa fermeté à soutenir ses compagnons dans le vaisseau de Licas, cette cour plaisante de chercheurs de successions qu’il attire dans Crotone, ont toujours du rapport avec les choses qu’Encolpe s’en était promises : Senex canus, exercitati vullus, et qui videbatur nescio quid magnum promittere.

« Il n’y a rien de si naturel que le personnage de Crisis : toutes nos confidentes n’en approchent pas ; et sans parler de sa première conversation avec Poliœnos, ce qu’elle lui dit de sa maîtresse sur l’affront qu’elle a reçu est d’une naïveté inimitable : Verum enim fatendum est, ex qua hora accepit injuriam, apud se non est. Quiconque a lu Juvénal connaît assez impotentiam matronarum[2], et leur méchante humeur, si quando vir aut familiaris infeliclus cum ipsis rem habuerat[3]. Mais il n’y a que Pétrone qui eût pu nous décrire Circé si belle, si voluptueuse et si galante.

  1. A l’article de la mort.
  2. L’impatience des dames.
  3. Quand par hasard un homme ou un ami n’a pas réussi avec elles.