Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/51

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Socrate est mort véritablement en homme sage et avec assez d’indifférence ; cependant, il cherchait à s’assurer de sa condition en l’autre vie, et ne s’en assurait pas ; il en raisonnait sans cesse dans la prison avec ses amis assez faiblement : et pour tout dire, la mort lui fut un objet considérable. Pétrone seul a fait venir la mollesse et la nonchalance dans la sienne. Audiebatque referentes, nihil de immortalitate animæ, et sapientium placitis, sed levia carmina et faciles versus. Il n’a pas seulement continué ses fonctions ordinaires, à donner la liberté à des esclaves, à en faire châtier d’autres ; il s’est laissé aller aux choses qui le flattaient, et son âme, au point d’une séparation si fâcheuse, était plus touchée de la douceur et de la facilité des vers que de tous les sentiments des philosophes.

« Pétrone, à sa mort, ne nous laissa qu’une image de la vie ; nulle action, nulle parole, nulle circonstance qui marque l’embarras d’un mourant. C’est pour lui, proprement, que mourir c’est cesser de vivre. Le Vixit des Romains lui appartient justement.

II. La morale. — « Je ne suis pas de l’opinion de ceux qui croient que Pétrone a voulu reprendre les vices de son temps, et qu’il a composé une satire avec le même esprit qu’Horace écrivait les siennes. Je me trompe, ou les bonnes mœurs ne lui ont pas tant d’obligation. C’est plutôt un courtisan délicat, qui trouve le ridicule, qu’un censeur public, qui s’attache blâmer la corruption. Et pour dire vrai, si Pétrone avait voulu nous laisser une morale ingénieuse dans la description des voluptés, il aurait tâché de nous en donner quelque dégoût : mais c’est là que paraît le vice avec toutes les grâces de l’auteur ; c’est là qu’il fait voir avec plus de soin l’agrément et la politesse de son esprit.

« Davantage, s’il avait eu dessein de nous instruire par une voie plus fine et plus cachée que celle des préceptes,