Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Satyricon, et la prononcent comme l’oméga des Grecs. Dans cette hypothèse, le Satyricon serait un recueil de satyres[1]. » Mais l’omicron n’en fait qu’un innocent badinage ; je suis pour l’omicron[2].

III. Style du Satyricon. — « Le style de Pétrone a trouvé des censeurs, même parmi les meilleurs juges en cette matière. » Quoique Pétrone, dit Huet, paraisse avoir été un grand critique et d’un goût exquis, son style, pourtant, ne répond pas tout à fait à la délicatesse de son jugement. On y remarque quelque affectation ; il est un peu trop peint et trop étudié ; il dégénère de cette simplicité naturelle et majestueuse de l’heureux siècle d’Auguste. Peut-être doit-il une partie de sa réputation à la liberté de ses portraits ; il aurait été moins lu s’il avait été plus modeste. Rollin porte à peu près le même jugement ; et Rapin assure que Pétrone, s’il donne quelquefois d’excellents préceptes d’éloquence, ne les suit pas toujours. Valois croyait remarquer dans son style un air un peu étranger ; il se servait même de cet argument pour prouver que notre auteur était Gaulois et qu’il vécut après Suétone. Saumaise ne trouve dans les fragments de Pétrone que des extraits faits sans goût par quelques libertins obscurs du Bas-Empire. « Pétrone, dit Bayle, est moins dangereux dans ses tableaux trop nus que dans les délicatesses dont Bussi-Rabutin les a revêtus ; la galanterie se présente, dans les Amours des Gaules, sous des formes bien plus aimables que dans le Satyricon. » Aux yeux de Voltaire, cet ouvrage n’est pas plus un modèle de style qu’il n’est l’histoire secrète de Néron ; les suppôts de nos tavernes tiennent, à l’entendre,

  1. Il faudrait comprendre : Satyricon avec liber, livre, sous-entendu, comme on a le Poimenicon de Longus, l’Ephesiacon de Xénophon d’Éphèse, l’Æthiopicon d’Héliodore.
  2. Bucheler intitule simplement l’ouvrage : Satiræ, d’après plusieurs manuscrits. D’autres portent Satirici ou Satyri liber.