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L'ŒUVRE DE PÉTRONE

de mer, on pourrait, sur la conjecture qui précède, en appuyer une autre et se demander si les aventures d’Encolpe et de ses acolytes ne se passeraient pas à Marseille même. Un court fragment d’un livre perdu établit qu’au moins un des épisodes du roman avait cette ville pour théâtre.

Mais toute une école de savants napolitains s’est évertuée avec autant d’ingéniosité que d’érudition à établir que les lieux décrits dans le roman ne pouvaient être que l’ancienne Naples et ses environs. On a même retrouvé dans la langue des modernes lazzaroni des expressions qui sont la traduction exacte en italien de celles employées par les camarades de Trimalcion. Naples est, en outre, plus près que Marseille de Crotone, où les héros du roman vont chercher fortune après un voyage, semble-t-il, assez court. On trouvera du reste le nom même de cette ville dans notre texte, mais il n’y a aucune conclusion à tirer de cette mention, parce qu’elle se trouve dans un passage certainement interpolé.

Pouzzoles a paru également remplir les conditions voulues : c’était un port de mer très peuplé, très commerçant, où l’élément grec était important ; c’était en outre, autre particularité mentionnée par le Satyricon, un municipe ; enfin l’argot qu’on y parlait ne devait pas être très différent de celui de Naples. Mais cette dernière hypothèse se base sur ce fait établi que Pouzzoles, jusqu’au temps de Néron, fut le véritable port de Rome ; ce ne fut qu’un peu plus tard qu’elle tomba en décadence, à la suite des travaux entrepris pour faire d’Ostie une grande ville maritime. Elle n’a donc toute sa valeur que pour qui consent à admettre que Pétrone et ses héros étaient des contemporains de Néron.

Cumes, et Misène, proposée par Mommsen, remplissent aussi les conditions voulues.

Sur ce point encore, il est plus facile de critiquer toutes