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répugnance, afin de recevoir les legs immenses dont je dispose en votre faveur. »

Eumolpe débitait ces écœurantes inventions avec une fantaisie si peu retenue que les chasseurs d’héritages commencèrent à se méfier de lui et qu’observant dès lors de plus près nos paroles et nos actes et voyant leurs soupçons se confirmer à l’examen, ils nous considérèrent désormais comme des charlatans et des escrocs. En conséquence, ceux qui avaient fait le plus de dépenses pour nous recevoir résolurent de se saisir de nous pour nous punir selon notre mérite.

Mais Chrysis, mêlée à toutes ces intrigues, me dénonça leurs projets contre nous ; à cette nouvelle, j’eus tellement peur que je pris la fuite immédiatement avec Giton, en abandonnant Eumolpe à son malheureux sort.

Peu de jours après, j’appris que les Crotoniates, indignés d’avoir nourri si longtemps somptueusement ce vieux renard à frais communs, l’avaient accommodé à la mode marseillaise. Pour votre gouverne, sachez que chaque fois que Marseille souffre de la peste, un des plus pauvres habitants se dévoue, à condition d’être pendant un an, et aux frais du public, nourri des aliments les plus délicats. Puis, orné de verveine, et revêtu de la robe sacrée, il fait le tour de la ville pour recevoir sur sa tête tous les maux dont souffre la cité, et, finalement, il est précipité du haut d’un rocher.