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CXXXVIII. POLYIENOS S’ENFUIT ÉPOUVANTÉ
IL PLEURE SUR SES AMOURS

Aussitôt elle exhibe un phallus de cuir qu’elle humecte d’huile, puis saupoudre de poivre et de graine d’ortie piles, et que finalement elle m’introduit lentement dans le derrière. Puis, sans pitié pour mes plaintes, elle mouille mes cuisses avec le même liquide. Enfin, ayant mêlé du suc de cresson et d’aurone, elle en couvre mon braquemard et, armée d’une poignée d’orties vertes, m’en fouette d’une main légère partout au-dessous du nombril.

Brûlé par les orties, je prends la fuite, mais les deux maudites petites vieilles, furieuses, me poursuivent, et, bien que paralysées par le vin et le rut, elles m’emboîtent le pas et me poursuivent quelque temps par les rues en criant : « Au voleur ! Arrêtez-le ! » Je parviens pourtant à m’échapper, non sans m’ensanglanter les pieds dans ma course précipitée. ‘ J’arrive enfin chez moi, accablé de fatigue et je me jette sur mon lit, mais sans pouvoir fermer l’œil ; toutes mes mésaventures défilaient en effet dans mon esprit, et jugeant que jamais personne n’avait été victime de telles disgrâces : « O Fortune qui m’es si constamment hostile, m’écriai-je, avais-tu besoin d’ajouter à mes maux les tourments de l’amour pour mieux me torturer encore ? Malheureux que je suis ! Alliés contre moi, la Fortune et l’Amour se sont conjurés pour me perdre. L’Amour surtout, l’Amour impitoyable ne m’a jamais épargné amoureux ou aimé, je suis également au supplice.

« Voici maintenant que Chrysis m’aime éperdument et ne se lasse point de me poursuivre ! Elle qui me con-