Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/296

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

posséder ! Mais voici maintenant ma suprême excuser si vous me permettez de réparer ma faute, je saurai bien vous plaire. Adieu[1]. »

Ayant renvoyé Chrysis avec cette belle promesse, je me mis à soigner le corps cause de tous ces maux, et, au lieu d’aller au bain, je me bornai à des frictions modérées. J’eus recours aussi à une nourriture stimulante : des échalotes et des huîtres sans sauce, et je bus du vin avec modération. Puis m’étant préparé au sommeil par une petite promenade, je me mis au lit sans Giton. J’avais un tel désir d’apaiser Circé que je craignais que mon petit frère ne m’éreintât.

CXXXI. L’INCANTATION

Le lendemain, m’étant levé en parfait état de corps et d’esprit, je me rendis dans le même bois de platanes. Ce ne fut pas sans crainte que je pénétrai en des lieux à moi si funestes, mais c’est là que je pouvais trouver Chrysis, qui me conduirait auprès de sa maîtresse.

Après m’être promené un instant, je venais de m’asseoir à la même place que la veille quand elle arriva traînant derrière elle une petite vieille. Elle me salua et me dit : « Eh bien, dédaigneux jeune homme, commencez-vous à reprendre courage ? »

Là-dessus, la vieille tire de son sein un filet formé de fils de diverses couleurs et l’attache à mon cou. Ensuite du doigt du milieu[2] elle mélange de la poussière avec sa salive et m’en marque le front malgré ma répugnance.

  1. Saint-Evremond voit dans toute cette histoire le vrai langage de la galanterie. Nous préférons croire que Pétrone se moque un peu du lecteur.
  2. Le médius était réputé infâme chez les anciens.