Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/292

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Couchés tous deux sur le gazon, nous préludons par mille baisers à des plaisirs moins éthérés. ‘ Mais pris d’une faiblesse nerveuse subite, je trompai l’attente de Circé.

CXXVIII. LA VENGEANCE DE PRIAPE : POLYIENOS FRAPPÉ D’IMPUISSANCE

Exaspérée par cet affront ’ : « Quoi donc, dit-elle, sont-ce mes baisers qui vous dégoûtent ? Le jeûne, aurait-il rendu mon haleine impure ? Ou bien, négligeant mes aisselles, sentirais-je donc la sueur ? Si ce n’est rien de tout cela, alors vous avez peur de Giton ? »

Tout rouge, je perdis le peu qui pouvait me rester de forces et tout le corps comme paralysé : « Je vous en prie, ma reine, m’écriai-je, ne raillez pas ma misère. Vous me voyez frappé d’un maléfice. »

‘ Une excuse aussi futile ne calma guère la colère de Circé ; elle détourna les yeux avec mépris et s’adressant à sa servante ’ : « Parle, Chrysis, mais dis la vérité suis-je laide ? Suis-je mal mise ? Est-ce que ma beauté est gâtée par quelque défaut naturel ? Ne trompe pas ta maîtresse, car elle ne sait ce qu’on peut bien lui reprocher. » Sa servante se taisant, elle lui arrache un miroir, examine toutes les parties de son visage, brosse sa robe un peu fripée au contact du sol, mais non chiffonnée comme dans les luttes amoureuses, et, rapidement, se retire dans un temple voisin consacré à Vénus. Pour moi, semblable à un condamné et comme glacé par une apparition subite, je me demandais si je rêvais ou si vraiment je venais d’être privé d’un plaisir réel.

Tels dans la nuit endormeuse les songes se jouent
De nos yeux sans regard : alors la terre livre au jour
L’or enfoui : la main avide palpe ces pièces qui sont à un autre