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L'ŒUVRE DE PÉTRONE

artistes ses contemporains, paraissent marquées au meilleur coin. On dira peut-être que, quand il prétend joindre l’exemple au précepte, il est moins heureux et que l’on pourrait à bon droit lui appliquer les vers :

La critique est aisée et l’art est difficile.

« Mais prenons-y garde ; si le style dans lequel tout ce roman est écrit est en effet (comme il me le paraît) plutôt vicieux que correct, soit en prose, soit surtout en vers, c’est le tort de l’auteur. Je ne prétends point ici discuter son mérite ; mais toujours puis-je dire que les maximes avancées par Encolpe, en fait de littérature, sont les plus sûres, les plus propres à maintenir le goût dans sa justesse et dans sa pureté.

« A l’égard des principes qui fondent la morale et assurent la conduite de l’homme, supposé qu’Encolpe les eût jamais adoptés, il ne les avait pas longtemps suivis. S’il semble avoir connu et même avoir foncièrement aimé la vertu, s’il va quelquefois jusqu’à tonner fortement contre le vice, on est presque autorisé à croire qu’il ne faut pas s’y méprendre que c’est uniquement dans la vue d’excuser ses excès et avec l’intention de prouver combien un franc libertin peut encore être préférable, pour ce qu’on appelle le fond du cœur, au sectateur hypocrite d’une rigide mais fausse vertu. Ce que je pourrais ajouter sur ce point tiendrait à la morale générale du roman considéré dans son ensemble. De célèbres littérateurs en ont peut-être suffisamment parlé. Je pourrai rappeler ailleurs ce qu’ils en ont dit ; ici, je me borne à rassembler les traits qui caractérisent en particulier le personnage d’Encolpe ; traits qu’on a besoin de connaître préalablement pour n’être point arrêté dans la lecture de ce qui nous reste du récit de ses aventures.

« Encolpe, soit que, dès son bas âge, par quelque accident ordinaire il eût perdu ses parents, soit que simple-