Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/273

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sable, par le feu, par les flots ou par le temps ? Quoi qu’on fasse, il faut bien qu’à la fin tout arrive au même point. Les bêtes déchireront votre corps ? Vaut-il donc mieux finir par le feu ? N’est-ce pas précisément la peine que nous trouvons la plus dure, quand nous sommes mécontents d’un esclave ? Quelle est donc notre folie de tout faire pour qu’aucune partie de nous-mêmes ne reste en sépulture, quand c’est le destin qui seul en décide sans nous consulter ? »

‘ Malgré ces belles considérations, nous ne manquâmes pas de rendre les derniers devoirs au cadavre de Lycas ’. Il fût brûlé sur le bûcher dressé par les mains de ses ennemis, tandis qu’Eumolpe, les yeux perdus, cherchait l’inspiration pour lui faire une épitaphe.

CXVI. CROTONE ET LES COUREURS D’HÉRITAGES

Après lui avoir rendu, de bien bon cœur, les derniers devoirs, nous voilà partis dans la direction convenue et, bientôt après, tout suants, nous parvenons au sommet d’une montagne d’où nous découvrons une ville sur une hauteur toute proche. Marchant au hasard, nous en ignorions le nom. Un paysan quelconque nous apprit que c’était Crotone, ville très ancienne et jadis la première d’Italie.

Nous le questionnons avec soin sur les habitants de cette cité célèbre et sur le genre d’affaires dont ils s’occupaient surtout depuis que des guerres trop fréquentes avaient ruiné leur puissance. « O mes hôtes, dit-il, si vous êtes des négociants, changez vos plans et cherchez un autre gagne-pain. Mais si, hommes d’une sorte moins vulgaire, vous êtes capables de soutenir un mensonge per-