Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naître évidemment que, s’il lui eût fallu déterminément choisir et renoncer à aimer l’un des deux sexes, celui pour qui nous sommes faits n’eût pas obtenu de lui la préférence. Disons plus : le rôle que, dans nos fragments, nous le voyons jouer vis-à-vis des femmes en général, ne répondant nullement aux moyens dont la nature l’avait si libéralement pourvu, semble annoncer que Pétrone l’avait voulu représenter comme assez peu porté à les contenter. Je ne parle point ici simplement de la triste manière dont on le verra, dans le morceau dont je donne la traduction, se comporter avec une belle et charmante femme de dix-huit à vingt ans : mais je rapproche encore ce qui, de son propre aveu, avait pu, sans réclamation de son côté, lui être reproché par un camarade de débauche, lorsque celui-ci l’accusait en propres termes, antérieurement à la fatale époque dont il vient d’être question et au temps de sa plus grande vigueur, de n’avoir pu se tirer galamment d’affaire avec une jeune personne encore neuve en amour (car je reste persuadé que tel est le sens d’un passage sur lequel il est superflu de disserter) ; et tout à l’heure d’autres faits viendront à l’appui de ce que je dis présentement.

« Quant aux agréments de l’esprit, il paraît que rien de ce qui sert à rendre la société d’un homme séduisante et sa conversation agréable ne lui était étranger. Dans les lettres, dans les arts, dans les sciences, il ne manque d’aucune de ces connaissances qui permettent de parler avec justesse sur tout objet intéressant et qui dénotent l’homme bien élevé et l’homme instruit, l’homme du bon ton. Particulièrement en fait de littérature, tout annonce chez lui un goût assez épuré, un tact assez fin malgré l’obscurité et les fréquentes lacunes qui défigurent les passages où il est question de semblables sujets, toutes ses censures, toutes ses plaintes sur le mauvais genre d’éloquence des déclamateurs de son siècle, sur le style et la manière des poètes de cet âge, sur le peu de talent et l’avilissement des