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de ne pas vous permettre de paroles malsonnantes contre Encolpe, de ne pas. lui faire la tête, de ne pas chercher à le surprendre au lit la nuit, et de lui payer, en cas de défaillance, deux cents deniers comptant pour chaque contravention aux présentes, conventions. »

Le traité ayant été conclu dans ces termes, nous mettons bas les armes ; et de peur que, malgré les serments, il ne subsistât dans nos cœurs quelque levain de haine, nous effaçons le passé dans un échange de baisers.

A la demande générale, nos discordes sont oubliées une table servie, apportée sur le champ de bataille, cimente la réconciliation dans la gaîté. Tout le vaisseau ne retentit plus que de nos chants et, comme un calme subit avait arrêté notre marche, les uns, avec des crocs, harponnent les poissons qui sautent hors de l’eau, les autres, d’un hameçon trompeur, arrachent à leur élément d’autres poissons qui vainement se débattent.

Mais voici que, sur nos antennes, des oiseaux de mer viennent se poser ; armé d’une claie en roseau, un amateur habile arrive à les atteindre ; retenus aux baguettes enduites de glu, ils se laissent prendre à la main[1]. L’air emporte leur duvet qui voltige leurs plumes, plus lourdes, tombent à la mer et tournent dans l’écume au gré des flots.

Déjà Lycas et moi commencions à nous raccommoder, déjà Tryphène provoquait Giton en lui jetant au nez le fond de son verre, quand Eumolpe, également pris, de vin, voulut faire un discours sur les chauves et les teigneux ; enfin, fatigué lui-même de ses fades plaisanteries, il revint à sa chère poésie et nous débita cette sorte d’élégie sur la perte des cheveux :

  1. C’étaient des roseaux articulés de manière à pouvoir s’allonger plus ou moins : une des extrémités de l’appareil, terminé par deux manches, était entre les mains du chasseur, l’autre portait un gluau.