Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/258

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avance pour parlementer avec nous, en nous présentant un rameau d’olivier[1] emprunté à la divinité tutélaire du navire et s’écrie :

Quelle fureur a remplacé la paix par le choc des armes ?
Quel est le crime de mes mains ? Le Troyen ennemi
N’entraine pas, sur ce vaisseau, l’épouse de l’Atride trompé,
Médée, dans sa fureur, ne se sert pas du sang de son frère pour retarder la poursuite de son père.
Non, ce sont les effets d’un amour dédaigné. Hélas !ma mort
Au milieu de ces flots, qui donc de vous la réclame les armes à la main ?
A nui une seule mort ne suffit-elle pas ? Ne soyez pas plus cruels que la mer.
Et à ses flots déchainés n’ajoutez pas encore des flots de sang.

CIX. TRAITÉ DE PAIX : CLAUSES

Ce discours, que Tryphène prononça d’une voix tremblante d’émotion, suspendit les hostilités, et les deux troupes, ramenées à des sentiments plus pacifiques, acceptèrent une suspension d’armes. Eumolpe, en sa qualité de chef, profite de ce mouvement de repentir et, non sans avoir dit son fait à Lycas, dresse un traité d’alliance ainsi libellé :

« Vous, Tryphène, consentez loyalement à oublier tous les griefs que vous pouvez avoir contre Giton, à ne pas lui reprocher le mal qu’il vous a pu faire jusqu’à ce jour, à ne pas en tirer vengeance et à renoncer à le poursuivre de quelque manière que ce soit : c’est-à-dire que vous n’exigerez rien de lui malgré lui, ni caresses, ni baisers, ni coït, sous peine d’avoir à lui verser chaque fois une indemnité de cent deniers, comptant.

« Et, de même, vous, Lycas, promettez loyalement

  1. Parodie de l’Enéide, VIII, 115-116. Les vers qui suivent sont également une parodie du style épique où l’on croit retrouver des réminiscences de Virgile.