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cherche encore à nous tromper par toute cette comédie, et cette inscription postiche n’est qu’un nouveau moyen de se moquer de nous. »

Tryphène inclinait vers l’indulgence, toute heureuse de n’avoir pas perdu tout à fait le dispensateur de ses plaisirs, mais Lycas se souvenait que je l’avais fait cocu et n’avait pas encore digéré toutes les injures qu’il lui avait fallu subir sous le portique d’Hercule. Aussi, le visage tout enflammé, s’écriait-il : « Ne le voyez-vous pas, Tryphène, voici la preuve que les dieux immortels se mêlent des choses humaines ; ce sont eux qui, sans qu’ils s’en doutent, ont conduit ces deux scélérats sur notre navire et qui, en nous envoyant deux songes semblables, nous ont avertis de ce qu’ils avaient fait. Maintenant, voyez s’il nous est permis de pardonner à des coupables que la divinité elle-même nous envoie pour être punis. Pour ma part, je ne suis pas cruel, mais je craindrais, en n’infligeant pas le châtiment, de l’attirer sur moi. »

Ce discours superstitieux changea les dispositions de Tryphène : elle déclara ne pas s’opposer à notre supplice et même souscrire de grand cœur à une si juste vengeance. Elle dit à Lycas qu’elle n’avait pas subi de moindres outrages que lui, elle dont la dignité, l’honneur avaient été jetés en pâture à la populace.

Lycas, voyant Tryphène d’accord avec lui pour se venger, donna des ordres pour nous infliger de nouveaux supplices. Dès qu’Eumolpe le comprit, il tâcha de les adoucir par ces paroles :