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ami. Bien plus, pour que mes feintes prières soient prises au sérieux : « Je sais, Ascylte, m’écriai-je, que tu es venu ici pour me tuer ; pourquoi, sans cela, ces haches ? Satisfais donc ta colère : je tends la tête ; verse ce sang que, sous prétexte de poursuites en justice, tu n’aspires qu’à répandre. »

Ascylte repousse ce soupçon et proteste qu’il n’a d’autre but que de rattraper son fugitif, qu’il ne demande la mort de personne, encore moins d’un suppliant, et encore bien moins de celui que, même après cette fatale altercation, il tenait encore pour son ami le plus cher.

XCVIII. OU EUMOLPE DÉDAIGNE, MAGNANIME, UNE SUPERBE OCCASION DE SE VENGER

Mais le valet de ville agissait moins mollement : ayant pris une canne au mastroquet, il fouillait tous les coins et recoins de la muraille. Giton évitait les coups et, retenant sa respiration tant qu’il pouvait, touchait de son nez les punaises du matelas. ‘ Eux sortis ’, Eumolpe entre aussitôt, car la porte brisée de la chambre n’arrêtait plus personne, et, s’écrie en se frottant les mains : « J’ai gagné mille écus ! Je vais courir après le crieur et, par une trahison que tu n’as pas volée, lui révéler que Giton est entre tes maims. »

Je me jette à ses pieds, le suppliant de ne pas achever des malheureux déjà à moitié morts. Il reste inexorable. « Vous auriez raison, lui dis-je alors, de provoquer cet esclandre si seulement vous pouviez montrer celui que vous prétendez livrer. Mais le petit a profité du désordre pour fuir et je ne sais pas moi-même où il est passé. Je