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sergent de ville[1] et d’un tas de badauds ; secouant une torche qui répandait plus de fumée que de lumière, il lut cette annonce :

Un jeune homme a été perdu aux bains ; 16 ans environ, cheveux frisés, délicat, d’extérieur agréable. Mille écus de récompense à qui le ramènera ou mettra sur ses traces.

Non loin du crieur se tenait Ascylte, vêtu d’une robe bigarrée[2], portant dans un plat d’argent la récompense promise.

J’ordonnai à Giton de se fourrer bien vite sous le lit et d’entortiller ses pieds et ses mains aux sangles qui supportaient le matelas : tel jadis Ulysse accroché sous le ventre du bélier, tel mon jeune ami, étendu sous le grabat, pourrait échapper aux mains de nos persécuteurs. Giton ne se le fit pas répéter deux fois : en un clin d’œil il passa si bien les mains dans les sangles qu’Ulysse aurait dû s’avouer vaincu. Quant à moi, pour écarter tout soupçon, j’étendis mes vêtements sur le lit, et, m’y couchant, j’y imprimai la forme d’un homme de ma taille.

Cependant Ascylte, après avoir exploré toutes les chambres avec l’huissier du crieur, arriva devait ma porte. il conçut d’autant plus d’espoir qu’il la trouva plus soigneusement verrouillée. Mais le valet du crieur, en insinuant sa hache dans la fente, fit sauter les serrures. Je me jetai aux genoux d’Ascylte ; et par le souvenir de notre amitié et des misères supportées en commun, je le suppliai de me laisser voir seulement une dernière fois mon petit

  1. Il ne faut pas confondre les valets de ville, servi publici, avec les licteurs. On les appelait aussi viatores. Ils étaient au service des magistrats, dont ils faisaient les courses et exécutaient les ordres.
  2. Ceux qui faisaient un acte public, nous apprend le code Théodosien, devaient revêtir une robe de diverses couleurs.