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XCVI. OU EUMOLPE, TRAHI PAR SES AMIS, EST SAUVÉ PAR UN GÉRANT AMATEUR DE BELLES-LETTRES

Nous voyions tout par le trou dans la porte qu’Eumolpe avait fait tout à l’heure en arrachant la poignée. J’applaudissais aux coups qu’il recevait. Mais Giton, toujours compatissant, était d’avis d’ouvrir et de nous porter au secours de notre compagnon en péril. Ma colère n’était pas calmée et je ne pus retenir ma main ; je gratifiai le petit malheureux d’un coup de poing, bien serré et pointu, sur la tête. Il s’assit en pleurant sur le lit.

Quant à moi, j’appliquai au trou de la porte tantôt un œil, tantôt l’autre ; je me réjouissais de la mésaventure de mon commensal, je m’en repaissais, quand survint Bargate, le gérant de l’immeuble[1]. Il avait quitté son souper et s’était fait transporter en litière sur le champ de bataille, car il avait les pieds malades.

D’une voix rageuse et dure, il pérorait longuement contre les arsouilles et les vagabonds, quand, apercevant Eumolpe « O le plus exquis de nos poètes, s’écria-t-il, vous étiez donc là ? Et tous ces coquins d’esclaves ne s’enfuient pas au plus vite Et ils osent lever la main sur vous ? »

‘ Puis, lui parlant à l’oreille : ’ « Ma maîtresse, ‘ lui dit-il plus bas’, me la fait à la pose. Si vous êtes mon ami, faites donc une bonne satire sur elle pour la dresser un peu. »

XCVII. RENTRÉE D’ASCYLTE FLANQUÉ D’UN CRIEUR PUBLIC ET D’UN SERGENT DE VILLE

Tandis qu’Eumolpe était en conférence secrète avec Bargate, entre dans le cabaret un crieur public suivi d’un

  1. Peut-être faut-il comprendre l’intendant du quartier ou le commissaire de police.