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XCIV. OU ENCOLPE A RECOURS AU SUICIDE : GITON AUSSI

« Heureuse, disait de son côté ‘ Eumolpe ’, heureuse la mère qui t’a engendré. Hardi, mon jeune ami ! Quand la sagesse se marie à la beauté, c’est, en vérité, un alliage rare. Et pour que tu ne croies pas avoir parlé en vain, tu viens, je te le déclare, de trouver un amoureux. C’est moi qui veux, par mes poèmes, te louer à l’égal de ton mérite ! C’est moi qui, précepteur et gardien, te suivrai partout, même ou tu ne voudrais pas ! Au reste, je ne fais aucun tort à Encolpe : il en aime un autre…! »

Le soldat, qui m’avait enlevé mon épée, se trouva avoir rendu un fier service à Eumolpe : autrement, la rancune que j’avais contre Ascylte risquait fort de s’assouvir dans le sang du poète. Et Giton ne s’y trompa point.

Il sortit donc sous prétexte de chercher de l’eau et, par cette absence opportune, coupa court à ma colère. « Eumolpe, dis-je un peu calmé, je préfère encore entendre vos vers que votre prose quand elle exprime des vœux de cette sorte. Écoutez je suis colère et vous paillard. Il est à craindre que nos caractères ne parviennent pas à s’accorder. Vous me prenez sans doute pour un fou furieux ? Eh bien ! cédez à ma folie. Je m’explique : veuillez décamper, et au plus vite. »

Abasourdi par ces déclarations, Eumolpe, sans en demander davantage, passa immédiatement la porte, mais, tirant le battant après lui, et sans que j’aie rien prévu, de tel, me renferma prestement à double tour. Après quoi, il court à la recherche de Giton.

Enfermé, je décide d’en finir avec la vie en me pendant ! Déjà dressant mon bois de lit, j’y avais attaché ma cein-