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Jamais l’éphèbe ne dormit si consciencieusement. Je pus donc remplir mes mains de ses seins d’un blanc de lait, le couvrir de baisers, puis obtenir la satisfaction suprême qui assouvit d’un coup tous les désirs.

« Le lendemain, il resta dans sa chambre, attendant le cadeau habituel. Mais, vous vous en doutez, il est beaucoup plus facile d’acheter des colombes ou même des coqs qu’un beau cheval. En outre, je craignais qu’un présent si magnifique ne rendît ma générosité suspecte à la famille. Donc, après m’être promené quelques heures, je rentrai chez mon hôte sans apporter d’autre présent qu’un baiser.

« Mais, lui, jette de tous côtés des regards déçus et dès qu’il m’eut sauté au cou pour m’embrasser : « Cher maître, dit-il, où donc est mon demi-sang ? » — Il n’est pas commode, lui répondis-je, d’en trouver un beau ; j’ai donc dû différer cette emplette. Mais, sois tranquille, au premier jour je tiendrai ma promesse. »

« Ce que cela voulait dire, l’éphèbe le comprit fort bien, et l’expression de son visage trahit son secret dépit. »

LXXXVII. FIN DE L’EXPLOIT AMOUREUX

« Ma mauvaise foi me fermait les voies que mon adresse avait su m’ouvrir. Cependant, je tentai de reprendre les mêmes libertés. Quelques jours après, des circonstances semblables m’ayant fourni une pareille occasion, dès que j’entendis ronfler le père je demandai au fils de refaire sa paix avec moi, de me permettre de lui procurer les mêmes joies bref, tout ce que peut dicter la passion déchaînée. Mais lui se bornait à répondre d’un air fort mécontent : « Dormez donc, ou je dis tout à mon père. »