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confier nos propres douleurs aux oreilles d’autrui, je lui expose mon infortune. D’abord je lui peignis la perfidie d’Ascylte, sans lui faire grâce d’un seul trait, puis je m’écriai en gémissant ’ : « Je voudrais que l’ennemi qui me force à la continence eût assez de cœur pour se laisser attendrir. Mais c’est déjà un criminel endurci et il en remontrerait en perfidie au dernier des maquereaux. » ‘ Ma franchise plut au vieillard, qui se mit à me consoler. Pour adoucir ma tristesse, il me confia un épisode ancien de ses amours. ’

LXXXV. A SON TOUR, EUMOLPE CONFIE A ENCOLPE UN EXPLOIT AMOUREUX

« Voyageant en Asie, à la suite d’un questeur, je reçus l’hospitalité d’un habitant de Pergame. Je me plaisais beaucoup chez lui, non seulement à cause du confortable, mais à cause de son fils, garçon de toute beauté. Je cherchai d’abord les moyens de ne pas paraître suspect d’en être amoureux. Chaque fois qu’il était question à table des services qu’on demande aux jolis garçons, je manifestais une indignation si violente, je déplorais si sincèrement d’être forcé d’entendre de pareilles horreurs, qu’on me regardait, la mère surtout, comme une sorte de philosophe.

« Bientôt on me chargea de conduire le jeune homme au gymnase : je réglais ses études, je lui donnais des leçons et je recommandais surtout de n’admettre dans la maison aucun de ces misérables toujours à l’affût des beaux corps pour les voler.

« Un jour, nous nous trouvions couchés dans la salle à manger : l’école était fermée parce que c’était fête, et