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LXXII. JALOUSIE BELLIQUEUSE D’ENCOLPE ABANDONNÉ : PLAISANT ÉPISODE DU SOLDAT

À ces mots, je ceins mon épée, et de peur que mes forces ne trahissent mes ardeurs belliqueuses, je commence par me mettre d’aplomb en m’offrant un solide déjeuner. Ceci fait, je m’élance hors de l’auberge et je parcours tous les portiques comme un furieux. Tandis qu’avec mon air effaré et sauvage j’allais, ne rêvant que sang et meurtre, et portant à chaque instant la main à cette épée que j’avais vouée à ma vengeance, un soldat me remarqua.

Était-ce un simple vagabond ou un voleur de nuit ? Je ne sais. « Qui es-tu, me dit-il, camarade de quelle région, de quelle centurie ? » Avec beaucoup d’aplomb je me forge un nom de centurion et un numéro de légion : « Allons donc, me dit-il, dans l’armée où tu sers, depuis quand les soldats se promènent-ils chaussés comme des cabotins ? » Ma rougeur et le tremblement de mes mains trahissaient mon imposture. « Bas les armes et prends garde à toi », me dit-il. Dépouillé de mon épée, et donc de tout moyen de vengeance, je reprends le chemin de l’hôtel ; toute mon audace était tombée et j’en vins peu à peu à savoir gré de son insolence à ce coupe-jarret.


LXXXIII. OU ENCOLPE, PHILOSOPHANT SUR L’AMOUR, FAIT LA RENCONTRE DU POÈTE EUMOLPE

J’avais cependant bien de la peine à triompher de mes désirs de vengeance, et je passai une nuit agitée. Au petit jour, pour secouer ma tristesse et dissiper ma rancune, je fis un tour. Je parcourus tous les portiques