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pas, mais après que, très équitablement, nous eûmes partagé nos frusques « Et maintenant, dit-il, reste à partager cet enfant. »

LXXX. OU ENCOLPE EST DE PLUS EN PLUS MALHEUREUX

Je crus d’abord à une plaisanterie pour prendre congé. Mais, tirant son épée d’une main fratricide, il déclare : « Tu ne jouiras pas de ce butin que tu prétends te réserver pour toi seul. Part à deux, je le veux, ou je tranche la question par ce glaive. Et sans regret[1] ! »

J’en fais autant de mon côté, et, le manteau roulé autour du bras[2], je me mets en garde. Pendant cette scène de démence, le malheureux qui en était la cause embrassait nos genoux en pleurant et nous suppliait, les mains jointes, de ne pas faire de cette pauvre taverne une nouvelle Thèbes et de ne pas souiller dans le sang d’un ami des mains qu’unissait hier une si étroite intimité. « Si, s’écriait-il, il vous faut absolument un crime, voici ma gorge à nu : tournez vers elle vos coups, plongez-y vos épées ! C’est à moi de mourir qui ai détruit les liens d’une amitié sacrée ! »

Sur ses prières, nous rentrons nos armes et Ascylte le premier : « C’est moi, dit-il, qui vais mettre fin à cette dispute. Le petit lui-même va suivre qui il voudra : ainsi il aura pleine liberté dans le choix de son ami. » Comptant sur nos vieilles relations, qui me semblaient créer entre nous comme un lien du sang, j’y consentis sans crainte :

  1. Plaisante réédition du jugement de Salomon.
  2. Pris à l’improviste, le Romain roulait son manteau autour de son bras gauche pour s’en servir en guise de bouclier.