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TROISIÈME PARTIE


EUMOLPE


LXXIX. OU ENCOLPE EST ENCORE MALHEUREUX EN AMOUR

Faute de flambeaux pour guider nos pas, nous errions à l’aventure, et le silence profond d’une nuit déjà avancée ne nous laissait guère d’espoir de rencontrer quelqu’un avec de la lumière. Il fallait compter aussi avec notre ébriété et notre ignorance des lieux où il était déjà malaisé de se reconnaître en plein jour.

Ce n’est donc qu’après avoir traîné pendant presque une heure nos pieds ensanglantés sur des pavés pointus ou des tessons que, grâce à l’astuce de Giton, nous finîmes par nous tirer d’affaire. Prudemment, en effet, la veille, craignant de se tromper même en plein midi, il avait, sur son chemin, marqué tous les piliers et toutes les colonnes à la craie, et ce furent ces marques, dont l’éclatante blancheur triomphait des plus épaisses ténèbres, qui nous permirent de retrouver notre route.

Nous croyions, en arrivant à l’auberge, toucher au terme de nos fatigues : il n’en était rien. Notre vieille hôtesse, s’étant attardée à s’enfiler des verres avec les voyageurs,