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j’aurai assez vécu. Cependant, tant que Mercure me protège encore, j’ai fait bâtir cette demeure. Vous le savez, ce n’était qu’une baraque ; maintenant, c’est un temple. On y trouve quatre salles à manger, vingt chambres à coucher, deux portiques de marbre, des enfilades de petites chambres en haut, la chambre où je dors, le repaire de cette vipère, une très belle loge de concierge, cent chambres d’amis. Bref, Scaurus, quand il vient par ici, ne veut descendre que chez moi, et, pourtant, il peut loger au bord de la mer, dans la maison de son père. Et il y a bien ici d’autres choses que je vais vous montrer tout à l’heure.

« Croyez-moi : Tu as un sou, tu ne vaux qu’un sou ; sois riche et tu seras considéré. Ainsi moi, votre ami, qui n’étais qu’un ver de terre, me voilà roi. En attendant, Stichus, apporte-nous les vêtements funéraires dans lesquels je veux être enseveli ; apporte-nous aussi les parfums et un échantillon de cette amphore dont je désire qu’on arrose mes os. »

LXXVIII. OU TRIMALCION DONNE A SES INVITÉS UN AVANT-GOUT DE SES FUNÉRAILLES

Stichus ne fut pas long. Il rapporta dans la salle à manger une tunique blanche et une robe prétexte. Pygmalion nous pria de les tâter pour voir si elles étaient en bonne laine. Il ajouta en souriant : « Prends garde, Stichus, que les rats ou les teignes ne s’y mettent, car je te ferais brûler vif. Je veux avoir un bel enterrement, afin que tout le peuple bénisse ma mémoire. »

Aussitôt, il débouche une fiole de nard et nous en fait frictionner à la ronde : « J’espère, dit-il, qu’il me, fera