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nata avait étalé tout ce qu’elle possédait de magnifique. Je remarquai les lustres, soutenus par de petits Priapes en bronze ; les tables, en argent massif les coupes en argile dorée et, bien en vue, une outre d’où le vin coulait en abondance.

Alors Trimalcion déclara : « Amis, c’est aujourd’hui que mon esclave favori coupe sa première barbe : C’est, soit dit sans choquer personne, un garçon de mérite et que j’aime beaucoup. C’est pourquoi nous passerons la nuit à table et nous boirons jusqu’à l’aurore. »

LXXIV. OU TRIMALCION SE CHAMAILLE AVEC SA DAME

Comme il disait ces mots, le coq chanta. Trimalcion, troublé par son cri matinal, pour conjurer le sort, fit répandre du vin sous la table[1] et en fit, par surcroît, arroser les lampes il passa même son anneau à la main droite[2]. « Ce n’est pas sans raison, dit-il, que ce trompette donne l’alerte : il va y avoir un incendie quelque part, ou bien il y a, dans le voisinage, quelqu’un sur le point de rendre l’âme. Loin de nous ce présage ! Donc, à qui m’apportera ce trouble-fête je promets une gratification. »

En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, on lui amena un coq du voisinage : Trimalcion le condamne à bouillir dans la marmite. Découpé aussitôt par le cuisinier émérite qui, peu auparavant, faisait des oiseaux et

  1. On répandait du vin sous la table pour conjurer les présages funestes.
  2. Encore une superstition changer son anneau de main passait, en particulier, pour un moyen infaillible d’arrêter les sanglots.