Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LXXIII. OU TRIMALCION PREND SON BAIN

Que faire ? Nous nous trouvions les plus misérables des hommes, enfermés que nous étions dans ce labyrinthe. Après notre aventure, nous ne savions que trop ce que c’est que se laver. Cependant, nous nous décidons à demander qu’on nous conduise au bain.

Nous quittons nos habits, que Giton met sécher à l’entrée, et nous entrons dans une étuve fort étroite, semblables à une citerne à rafraîchir où Trimalcion se tenait debout, tout nu[1] : Même là, il ne nous fut pas permis d’échapper à sa puante forfanterie : il déclare que rien n’était plus agréable que de se baigner loin de la foule, et que cette étuve avait été jadis une boulangerie. Ensuite, il s’assied comme fatigué et, remarquant la sonorité de la salle, il fait trembler la voûte de ses accents d’ivrogne en chantant des chansons de Ménécrate, à ce que nous dirent ceux qui, comprenaient encore son langage.

Quelques-uns des convives couraient autour de la baignoire en se tenant par la main, d’autres se chatouillaient mutuellement à en mourir de rire d’autres enfin, ou bien, les mains liées, s’efforçaient de soulever des pierres pourvues d’anneaux, ou bien, avec un genou à terre, de pencher le cou en arrière jusqu’à aller toucher l’extrémité de leurs orteils.

Quant à nous, tandis que les autres s’amusent à ces jeux, nous descendons dans la baignoire préparée pour Trimalcion. Quand nous eûmes ainsi secoué notre ivresse, on nous conduisit dans une autre salle à manger où Fortu-

  1. Malgré la corruption de l’époque, c’était une infamie de se montrer nu dans les bains.