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qu’elle se mette aussi à table. » Et nous voilà presque expulsés de nos places, tant toute la valetaille envahit la salle du festin. Le cuisinier qui faisait des oies avec des porcs s’était placé au-dessus de moi et s’imposait de force à mon attention, tant il puait la saumure et la sauce. Non content de s’être fait sa place, il imitait sans relâche le tragédien Ephésus et voulut enfin parier contre son maître qu’il remporterait le prix, s’il était du côté des verts, dans la prochaine course.

LXXI. OU IL EST QUESTION DU TESTAMENT ET DU TOMBEAU DE TRIMALCION

Epanoui par cette discussion, Trimalcion déclara : « Mes amis, les esclaves aussi sont des hommes, et nous avons tous sucé le même lait, bien qu’ils soient victimes d’un sort défavorable. Cependant, même de mon vivant, je veux qu’ils goûtent les douceurs de la liberté. Enfin, par mon testament je les affranchis tous. Je lègue en outre à Philargyre un fonds de terre et sa femme ; à Carrion, une île avec le produit du vingtième et un lit garni. Quant à ma chère Fortunata, j’en fais ma légataire universelle et je la recommande à tous mes amis. Et si je publie déjà tous ces détails, c’est pour que tous mes gens m’aiment autant dès à présent que si j’étais déjà mort. »

Tous les esclaves aussitôt rendent grâces à la bonté du

    ou factions avaient chacune ses partisans fidèles dans le public. Trimalcion devait être un partisan des verts : il habille son portier en vert, la petite chienne de son mignon porte une bandelette verte, sa femme a une ceinture verte, Carrion, son esclave, est un vert déterminé, et c’est dans cette faction que veut entrer son cuisinier, pour remporter le prix au cirque.