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des gésiers parfaitement préparés, de la citrouille et du pain de ménage : je le préfère au pain blanc ; il fortifie et, avec lui, quand je fais mon affaire, je n’ai pas besoin de geindre.

« Le second service consistait en une tarte froide[1], avec, dessus, du miel chaud, de délicieux miel d’Espagne ; je n’ai pas touché à la tarte, mais je me suis bien régalé de miel. Autour, des pois chiches, des lapins, des noix à volonté, mais seulement une pomme par tête. J’en ai cependant pris deux que voici dans ma serviette, car si je n’apportais pas quelque présent à mon esclave favori, j’aurais du bruit en rentrant chez moi.

« Mais Scintilla, ma femme, me rappelle fort à propos qu’on nous a servi aussi une pièce d’ours. Ayant eu l’imprudence d’en goûter, elle a rendu tripes et boyaux. Quant à moi, j’en ai mangé plus d’une livre, car il sentait le sanglier. Si, me disais-je, l’ours mange l’homme, à plus forte raison l’homme ne doit-il pas manger l’ours ?

« À la fin, nous avons eu du fromage mou, du vin cuit, quelques escargots, des morceaux de tripes, des foies en caisse, des œufs farcis, des raves, de la moutarde, un petit plat de coquillages et une paire de jeunes thons. On a fait circuler aussi dans un ravier des olives marinées dont quelques convives effrontés prirent jusqu’à trois poignées. Quant au jambon, nous l’avons renvoyé intact. »

LXVII. OU FORTUNATA, FEMME DE TRIMALCION, ET SCINTILLA, FEMME D’HABINNAS, SE FONT DES GRACES

« Mais dites-moi, je vous prie, Gaïus, pourquoi Fortunata ne se met pas à table. — Pourquoi ? Ne la con-

  1. C’est une critique : les tartes, chez les anciens, ne se servaient que chaudes.