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à pourfendre les ombres. Je finis par arriver ainsi à la maison de mon amie. En franchissant le seuil, je tombai presque mort : la sueur me coulait sur le visage ; mes yeux étaient morts : on crut que je n’en reviendrais pas.

« Ma chère Mélisse était toute surprise de me voir arriver si tard : « Si tu étais venu un peu plus tôt, me dit-elle, tu nous aurais donné un coup de main : un loup a pénétré dans la ferme et a massacré tous nos moutons. C’était une véritable boucherie. Il nous a échappé, mais il ne doit pas rire : notre valet lui a passé sa lance à travers le cou. » À cette nouvelle, j’ouvris de grands yeux. Mais, le soleil levé, je m’enfuis bien vite à la maison, comme un marchand dévalisé.

« En arrivant au lieu où j’avais laissé les vêtements, je ne vis plus rien que des taches de sang. A la maison, je trouvai mon soldat au lit, saignant comme un bœuf, avec un médecin qui lui pansait le cou.

« Je compris que j’avais eu affaire à un loup-garou et, depuis, je n’aurais voulu pour rien au monde manger un morceau de pain avec lui. Que les incrédules en pensent ce qu’ils voudront. Quant à moi, si je mens, je veux que vos génies me punissent. »

LXIII. OU TRIMALCION NARRE IPHIS VOLÉ PAR LES SORCIÈRES, LES EXPLOITS DU BRAVE CAPPADOCIEN ET SA MORT DÉPLORABLE.

Son récit nous avait saisis : « Nous te croyons, dit Trimalcion, et pour ma part ton récit m’a tellement frappé que mes cheveux se dressent d’horreur : car je sais Nicéron incapable de raconter des bêtises. On peut se fier à