Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui demander ce que je voulais : elle ne savait pas refuser. Si j’avais gagné un as, un demi-as, je les lui confiais, et jamais elle ne m’a trompé. Son mari s’en fut mourir à la campagne. Dès que je l’appris, je fis des pieds et des mains pour la rejoindre : c’est dans les circonstances critiques qu’on connaît ses amis.

LXII. OU L’ON ÉCOUTE UNE HORRIFIQUE HISTOIRE DE LOUP-GAROU

« Justement, mon maître était allé à Capoue pour se défaire de nippes encore assez bonnes. Profitant de l’occasion, je propose à notre hôte de m’accompagner jusqu’à cinq milles d’ici. C’était un soldat, brave comme l’enfer.

« Nous nous mettons en branle au chant du coq. La lune brillait on y voyait comme à midi. Nous tombons au milieux des tombeaux. Alors voilà mon homme qui se met à conjurer les astres. Je m’assieds en fredonnant et je m’amuse à compter les étoiles. Mais quand je me retourne vers mon compagnon, je le vois qui se déshabille et pose tous ses vêtements sur le bord de la route. J’en reste plus mort que vif, immobile comme un cadavre. mais lui tourne autour de ses habits en pissant et aussitôt le voilà changé en loup.

« Ne croyez pas que je plaisante je ne voudrais pas pour tout l’or du monde. Mais voyons, où en étais-je donc ? Ah ! Devenu loup il se mit à hurler et s’enfuit dans les bois. D’abord je ne savais même plus où j’étais. Ensuite je voulus aller prendre ses habits ils étaient changés en pierre. Qui était mort de peur ? C’était moi. Pourtant, je mis l’épée à la main et de toutes mes forces je me mis