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malcion. Comme tout le monde le baisait, nous n’osâmes nous en dispenser.

LXI. OU NICERON, AMI DE TRIMALCION, RACONTE SES AMOURS

Ensuite, tout le monde s’étant souhaité bonne santé de corps, bonne santé d’esprit, Trimalcion entreprend son ami Niceron : « Dans le temps tu étais un vrai boute-en-train. Je me demande pourquoi aujourd’hui tu ne dis rien, pas même tout bas ? Voyons, pour me faire plaisir, raconte-nous quelque chose qui te soit réellement arrivé. »

Niceron, flatté de cette attention amicale, commença en ces termes : « Que je renonce pour jamais aux faveurs de la fortune s’il n’est pas vrai que toujours je frémis d’une joie sincère quand je te vois tel que tu es maintenant. C’est pourquoi réjouissons-nous sans arrière-pensée quoique je craigne tous ces hommes de science qui vont peut-être se moquer de moi. A leur aise ; je parlerai quand même. Ceux qui rient ne me font pas tort d’un sou. Mieux. vaut faire rire que prêter à rire. »

Ayant ainsi parlé…

Voici l’histoire qu’il nous raconta :

« Je n’étais encore qu’un esclave et nous habitions dans une ruelle étroite, là où est maintenant la maison de Gaville. Là, telle était sans doute la volonté des dieux, je tombai amoureux de la femme de Térence, le cabaretier. Vous l’avez tous connue, c’était Melisse de Tarente, un vrai déjeuner de baisers. Mais, par Hercule, ce n’était pas corporellement que je l’aimais, ni pour la bagatelle, mais bien plutôt à cause de son excellente nature. Je pouvais