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un renard mouillé. Puissé-je gagner tant d’argent et faire une si belle fin que le peuple bénisse ma mémoire, aussi vrai que je te poursuivrai partout jusqu’à ce que je t’aie fait pendre par le tribunal.

« C’est aussi un joli coco, celui qui t’a dressé ! Mufrius, mon maître (moi aussi j’ai étudié !), Mufrius nous disait :

« Vous avez fini votre travail ? Alors, à la maison, tout droit, sans muser, sans insulter les grandes personnes, sans compter les échoppes. Autrement on ne devient jamais bon à rien. » Pour moi je rends grâces aux dieux d’être devenu ce que tu vois. »

LIX. ENTRÉE DES HOMÉRISTES ET SUPRÊME EXPLOIT D’AJAX

Ascylte commençait à répondre à ces injures, mais Trimalcion, charmé de l’éloquence de son ancien compagnon d’esclavage : « Laissez-là vos disputes, dit-il, et jouissons de la vie. Toi, Herméros, épargne ce jeune homme. Il a encore le sang un peu bouillant : sois le plus raisonnable. En pareille occurrence, le vrai vainqueur est celui qui laisse la victoire à l’autre. Toi-même, quand tu n’étais qu’un jeune coq, cocorico ! tu n’étais guère d’humeur plus commode. Soyons donc, cela vaut mieux, parfaitement tranquilles et joyeux en attendant les homéristes[1]. »

Justement, leur troupe faisait son entrée en frappant les boucliers de la lance. Trimalcion s’assied sur un tabouret, et tandis que, suivant l’usage, les homéristes dialoguent en grec, lui, fièrement, lisait à haute voix la traduction latine. Mais tout à coup, il fait faire silence : « Savez-vous, dit-il, quelle histoire ils représentent ?

  1. Les homéristes faisaient profession de réciter, de chanter et au besoin d’expliquer les vers d’Homère.