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La devise « Poireaux et pêches » valut à son détenteur un fouet et un couteau. Passereaux et chasse-mouches rapporta des raisins secs et du miel attique. Pour Robe de festin et robe de ville, un autre reçut un gâteau et des tablettes, un autre un lièvre et une pantoufle pour le billet portant Canal et mesure d’un pied. Pour Marine et lettre on apporta un rat d’eau lié avec une grenouille et un paquet de poirée. Nous rîmes longtemps de ces plaisanteries et de bien d’autres que j’oublie[1].

LVII. OU ASCYLTE SE FAIT AGONIR

Cependant Ascylte commençait à se tenir très mal. Sans se gêner, les mains levées au ciel, il se moquait de ces calembredaines, tout en riant aux larmes. Son attitude indigna un des affranchis de Trimalcion, celui-là même qui était à la place au-dessus de moi.

« Qu’as-tu à rire, lui cria-t-il, triple brute ? Est-ce que tous ces raffinements ne sont pas à ton goût ? Tu es sans doute plus heureux que mon maître et quand tu soupes seul tu manges mieux ? Que les dieux protecteurs de ce foyer me soient en aide, si je me trouvais à côté de cet imbécile, il y a beau temps qu’il serait muselé. Un fameux produit, pour se payer la tête des autres ! Sans doute quelque vague noctambule sans feu ni lieu, et qui ne vaut pas même l’eau qu’il pisse ! Et si, à la fin, je le compissais en cercle, il ne saurait plus où se fourrer. Par

  1. Il y avait un rapport entre les mots écrits sur le billet et l’objet correspondant, généralement en vertu d’un calembour dont le sens nous échappe souvent. Nous renonçons à expliquer ces jeux de mots insipides et obscurs.