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çon de bains ; un portier relégué à Baïes ; un intendant poursuivi pour ses malversations ; le jugement tranchant les démêlés des valets de chambre.

À ce moment entrent des danseurs de corde : un baladin insipide, se plantant là avec une échelle, fit grimper jusqu’au haut un jeune garçon qui, rendu là, se mit à danser en chantant, à traverser des cerceaux en flammes et à tenir une cruche avec ses dents. Trimalcion était seul à admirer ces acrobates et déplorait qu’un tel art fût aussi méconnu. Il avouait n’adorer que deux choses au monde : les danseurs de corde et les sonneurs de cors ; à part cela, tout animal, tout bouffon-était indigne à son goût d’une minute d’attention. « J’avais aussi acheté des comédiens, dit-il, mais j’ai fini par ne leur faire jouer que des atellanes[1], et au Grec qui les accompagnait sur sa flûte, j’ai prescrit de n’avoir à jouer désormais que nos airs latins. »

LIV. OU. TRIMALCION EST PUNI DE SA PASSION POUR LES ACROBATES

Au beau milieu de son discours, le petit acrobate dégringole sur lui. La valetaille s’exclame, les convives également : non par pitié pour un être aussi puant, qu’ils auraient vu avec plaisir se rompre le cou, mais par crainte de voir finir tristement la fête et d’être obligés de pleurer aux funérailles d’un indifférent.

Trimalcion poussant de grands cris et se penchant sur

  1. Les atellanes, pièces généralement gaies mais convenables à l’origine, étaient devenues des spectacles obscènes. Trimalcion, par ostentation, a voulu avoir sa troupe à lui, mais s’est vite lassé des pièces sérieuses et de la musique savante.