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LIII. OU TRIMALCION CONSACRE UN INSTANT A SES AFFAIRES

Un greffier vint couper court à ses velléités chorégraphiques. Du ton dont il eût publié des actes officiels, voici ce qu’il nous fit savoir «: Le vii des calendes de juillet sont nés dans le domaine de Cumes, appartenant à Trimalcion, trente garçons et quarante filles. On a transféré de l’aire dans les greniers cent mille boisseaux de froment, et mis sous le joug cinq cents bœufs. Le même jour, l’esclave Mithridate a été mis en croix pour avoir blasphémé le génie tutélaire de Gaïus notre maître. Le même jour, on a mis en caisse dix millions de sesterces dont on n’a pu trouver le remploi. Le même jour s’est propagé dans les jardins de Pompée un incendie qui a pris naissance chez le fermier Nasta. »

« Comment, s’écria Trimalcion ! Et quand donc m’a-t-on acheté les jardins de Pompée ? — L’an dernier, répondit le greffier, et c’est pour cela qu’ils ne sont pas encore portés en compte. » Trimalcion écumait « Quels que soient, cria-t-il, les biens que l’on m’achète, si je n’en sais rien dans les six mois, je défends qu’on me les porte en compte. »

Déjà on passait à la lecture des ordonnances des édiles les testaments des gardes des forêts en faveur de Trimalcion étaient cassés, malgré les excuses présentées au Prince[1]. Vint ensuite le rôle des fermiers et puis des histoires ! une affranchie répudiée par un inspecteur des domaines qui l’avait pincée en train de se livrer à un gar-

  1. Les empereurs cassaient souvent les testaments pour s’emparer des biens des particuliers ; pour les désarmer on leur faisait souvent un legs ; quand on ne le faisait pas, l’usage s’était établi d’en donner les raisons, de s’en excuser dans le testament même.